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POP Café fête ses 3 ans : et après ?

Après 3 ans d'existence pour POP Café, quels enseignements ? Quels apprentissages ? Alexandre Bigot-Verdier, directeur de POP Café, nous propose un premier bilan.

Quand un projet fête ses 3 ans, on dit souvent qu’il a atteint un certain degré de maturité. L’idée de POP Café a commencé à prendre corps en janvier 2020, avec la construction de notre premier café, à Wazemmes (qui n’a pu voir le jour que 18 mois plus tard !). 3 ans après, le projet existe toujours, le réseau de lieux s’étoffe progressivement et notre équipe se renforce.

Cet anniversaire marque également la fin de nos financements d’amorçage (notamment de l’ANCT via les Fabriques de Territoires ainsi via que la région HDF et un financement Feder), et on apprend en marchant : on avance sur notre fonctionnement interne, notre offre de service, notre modèle économique, et j’ai eu envie de vous partager un premier bilan.

Diffuser une culture numérique éthique en s’appuyant sur les lieux de sociabilité

Notre ambition de départ : diffuser une culture numérique éthique le plus largement possible en s’appuyant sur les lieux de sociabilité. Pour nous, ils sont la clefs du lien entre les outils à impact positifs qui existent déjà et leur utilisation à plus large échelle.

Trois ans plus tard, c’est toujours la même envie qui nous anime. Notre intuition a été validée, il y a un vrai besoin sur le sujet, et ça fonctionne : POP Café c’est aujourd’hui un réseau de lieux, des gens qui se parlent, de l’apprentissage en pair à pair, des partages d’expériences… Un outil efficace et une véritable infrastructure pour diffuser une culture numérique éthique au plus grand nombre.

Des choix qui nous engagent

Au démarrage, nous avons fait un choix qui s’est avéré particulièrement prenant : commencer par créer notre propre lieu de sociabilité, plutôt que de reprendre un café branché existant. Nous voulions nous confronter au métier d’exploitant de café et aux défis rencontrés par les porteurs de projet de tiers-lieu : convaincre, bâtir sa communauté pas à pas et construire un modèle économique au service du projet social initial.

Forcément, ça n’a pas toujours été facile, mais le retour d’expérience est très précieux pour la suite.

Ce que je retiens de nos principales difficultés :

  • Ouvrir un café en sortie de crise sanitaire : j’ai ressenti une forme de crise des lieux de sociabilité post-Covid : les habitudes ont changé, les gens mettent du temps à ressortir, et il a été difficile de mobiliser pendant plusieurs mois. J’ai l’impression qu’on est en train de sortir de cette phase, et ça nous ouvre de belles perspectives pour la suite.
  • Nous avons à la fois été portés et victimes du succès de la médiation numérique : sans l’accélération résultant de la crise sanitaire, nous aurions eu moins d’écoute ; mais se positionner et nous différencier sur ce sujet est un vrai challenge car beaucoup d’acteurs s’en sont emparés ces 3 dernières années.
  • Nous avons eu la tentation de vouloir créer un nouveau métier de facilitateurs de café numérique, responsable de trop d’aspects : gérants de café et médiateurs numérique. Or, faire de la médiation numérique dans un lieu de vie et tenir un lieu de vie, ce n’est pas le même métier. Nous considérons maintenant qu’il ne faut pas sacrifier l’une des compétences pour l’autre et que nous devons nous appuyer sur un modèle économique solide qui permette la présence de plusieurs profils différents.
  • Enfin, notre méthode de déploiement a parfois été mal perçue : beaucoup de gens nous perçoivent comme des opérateurs de tiers-lieux, nous nous sommes nous-même parfois présentés comme tels. Or, un tiers-lieu c’est un collectif qui a des choses à partager et trouve un lieu pour sa collaboration. POP Café ne crée pas de tiers-lieux auto-proclammés, nous proposons une méthode pour faire de la médiation numérique dans les lieux de vie, dont les tiers-lieux, et on s’inspire de la dynamique des tiers-lieux pour augmenter notre impact et renforcer notre démarche. J’en reparle bientôt dans un article dédié.

Et maintenant, on fait quoi ?

Forts de ces apprentissages, et soutenus par un groupe robuste (POP), il s’agit maintenant de continuer notre développement ! Voici nos 4 priorités pour les mois à venir :

  • Nous positionner plus clairement sur la transition écologique. POP Café souffre encore beaucoup d’une image technologiste, alors que notre approche est plus critique et se veut au service de nos territoires d’action. C’est certainement que sur le terrain, nos actes ne reflètent pas encore complètement nos ambitions. Alors nous nous employons dès aujourd’hui à remettre nos actions aux services des dynamiques de transition et à participer à leur animation (je documenterai bientôt nos participations dans divers PTCE et ce que nous en retirons).
  • Renforcer notre réseau de lieux de vie pour nous appuyer sur des structures pérennes et continuer à être acteurs des territoires où nous intervenons. À venir : l’ouverture d’un restaurant culturel et solidaire à Trappes et une intervention au sein de la Loco à Lille, dans le projet Fives-Cail.
  • Poursuivre notre investissement dans le design de médiation numérique au service des transitions : santé, transition écologique, éducation, TPE / PME, mobilité etc. Ces derniers mois, notre designeuse de médiation Marie Boussard a conçu de nombreux dispositifs pour amener des réflexions sur ces sujets transversaux : escape game, jeux, ateliers… Cette partie est devenue un pan important de notre activité qui intéresse énormément nos territoires partenaires.
  • Enfin et surtout, sujet qui nous tient à cœur, nous ouvrons notre méthode : il est impossible de changer le monde tout seul et nous souhaitons que le maximum de lieux s’emparent de ce qu’on a produit. C’est pour ça qu’on documente tout ce qu’on fait via nos briques de services et notre wiki : c’est notre façon à nous de maximiser notre impact en essaimant. Est-ce que cette méthode est pour autant un « commun » ? Il faudra pour cela faire communauté autour de tous ces éléments et ouvrir progressivement notre gouvernance. Il y a encore de bien beaux défis pour l’avenir.

Discutons-en ensemble bientôt ?

Merci à toute l’équipe et bonne année 2023 !